La nuit commençait à tomber et Thor se reposait tranquillement dans un de ses palais terrestres. Il faut dire qu'il avait passé une journée des plus épuisantes : un lever laborieux suivi de deux heures de bains et massages, et d'un festin dont une armée de trools n'aurait pu venir à bout. Les hurlements des loups commençaient à se faire entendre au loin. Thor errait dans ses songes : il rêvait à ses muses, ses jardins, ses nectars et ses herbes à pipe...
Il eut soudain une étrange impression, quelque chose clochait. Sortant petit à petit de sa torpeur, il réalisa que les animaux nocturnes s'étaient tus. Il ouvrit les yeux lentement et se dirigea vers la terrasse. La nuit était moins sombre qu'à l'habitude, le ciel avait même vers le sud ouest une teinte rougeâtre, qui se faisait de plus en plus intense.
Thor commença à distinguer un objet lumineux qui s'approchait du palais à vive allure. Il y eut un éclair, suivi par un souffle d'une violence inouïe. Thor n'eut que le temps de mettre les bras devant son visage pour se protéger et se retrouva projeté à plusieurs centaines de mètres, le corps ensanglanté et tuméfié. Il contemplait ce qu'il restait de son palais, un cratère de plusieurs dizaines de mètres de profondeur entouré de milliers de tonnes de débris.
Au fonds du cratère il aperçut un objet brillant qui semblait refléter l'éclat de la lune. Il s'y rendit donc et y découvrit une sorte d'oeuf grossièrement taillé dans une pierre aux reflets surnaturels. Fou de rage, il prit son marteau à deux mains et asséna à l'objet un coup foudroyant. A l'impact, la tête du marteau se brisa en mille éclats, ce qui laissa le Dieu désemparé. Une légère fissure apparut sur l'oeuf. Puis une seconde, et une troisième. Les morceaux de pierre se dissocièrent et tombèrent. Thor se trouvait maintenant face à un bébé langé dans d'étranges bandelettes. Il essaya de le tuer, mais à chacune de ses tentatives, au moment où il posait la main sur l'enfant, il ressentait une vive douleur, ainsi qu'une étrange force qui semblait ralentir, voire arrêter son mouvement. Parfois le bébé disparaissait pour réapparaitre quelques mètres plus loin. Et plus il s'acharnait, plus il se vidait de son énergie pour finalement s'écrouler d'épuisement. C'était sans doute un rejeton de cette crapule de Chronos. Qu'à cela ne tienne : Il chevaucha un griffon de passage et alla jeter l'enfant dans les marécages aux crocodailles du monde des douze. Si lui, le Grand Thor ne pouvait le faire taire, l'enfant finirait par mourir de faim ou par être dévoré par des animaux sauvages...